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Faut-il plus de protectionnisme ?
Pascal Lamy et Henri Guaino.
Olivier Chaumeil/Divergence pour J’ai Croix
Pour Henri Guaino, les limites du libre-echange sont ressenties partout au monde occidental.
Marc Chaumeil/Divergence Afin de La Croix
Pour Pascal Lamy, votre n’est pas le protectionnisme qui protege, mais le social, l’education, la formation
Marc Chaumeil/Divergence pour J’ai Croix
Est-ce J’ai fin d’une mondialisation ? Jusque-la, les dirigeants des principaux pays developpes presentaient un front uni face a la montee des contestations au sein des pays occidentaux et au ralentissement des echanges mondiaux. L’ensemble de reaffirmaient, a chaque sommet international, que le libre-echange restait le meilleur moyen de relancer une economie enkystee depuis la grande crise financiere de 2008.
Mais l’election de Donald Trump a Notre presidence des Etats-Unis a change la donne. Notre 18 mars, lors du dernier G20 Finances de Baden-Baden, en Allemagne, le nouveau secretaire d’Etat americain au Tresor, Steven Mnuchin, a commande ses homologues a rebrousse-poil en faisant retirer du communique final l’habituelle condamnation du protectionnisme.
Serait-ce le signe que nos Etats-Unis ont decide d’eriger de nouvelles barrieres a leurs frontieres ? C’est votre que laisse entendre le autre occupant d’une Maison-Blanche, avec le projet de « Border Adjustment Act » qui surtaxerait les produits etrangers pour couvrir des entreprises et l’emploi americains.
Pour ou contre la mondialisation ? En France aussi le debat divise l’opinion, et les candidats a la presidentielle. Avec d’un cote les defenseurs d’une souverainete ramenee aux frontieres nationales, de Marine Le Pen a Jean-Luc Melenchon en passant avec Nicolas Dupont-Aignan. Et, de l’autre, les partisans d’un liberalisme plus ou moins encadre – Benoit Hamon, Francois Fillon, Emmanuel Macron.
Mes premiers n’hesitent pas a proner, si necessaire, une sortie de l’Union europeenne pour plus defendre des interets nationaux. Mes seconds estiment que l’Europe reste une chance pour la France plus qu’une menace. Ouvert ou ferme : deux visions du monde qui depassent le classique clivage gauche-droite et que l’election presidentielle devra trancher.
Henri Guaino, depute LR des Yvelines et Pascal Lamy, directeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) entre 2005 et 2013 debattent des apports et des limites du libre-echange.
Rompant avec des decennies de politique americaine, Donald Trump se declare a la fois contre le libre-echange et contre le multilateralisme. Est-ce le commencement d’une nouvelle ere ?
Henri Guaino : « Oui. Pour le meilleur ou pour le pire. Concernant le meilleur s’il s’agit de remettre en cause une telle derive qui a pour finalite l’aplatissement du monde : un grand marche ou la totalite des pays devraient avoir analogues regles, institutions, voire styles. Elle se heurte a la realite des nations et des identites. Ca nourrit chez nos peuples le sentiment qu’on veut les empecher de selectionner un contrat social, leur modele politique, economique et culturel.
Cela s’ensuit une crise democratique qui peut deboucher via des reactions grandes comme le Brexit ou l’election de Donald Trump. Si l’on neglige ces mouvements de fond, nos crispations nationale et identitaire, nos souffrances sociales deboucheront sur votre protectionnisme dur. Et ce va etre pour le pire.
Pascal Lamy : « Notre politique de Donald Trump se resume en une formule : « L’Amerique d’abord ». Je crains le national capitalisme. Le nationalisme en priorite, on sait ou ce qui mene : a Beyrouth.
A l’inverse, la croissance, le developpement, la reduction en pauvrete ont la possibilite de etre facilitees par l’adoption de normes communes. Quelques problemes – jamais l’ensemble de – doivent etre traites au niveau mondial. Et lorsqu’on parvient a des convergences, ce qui produit du bien etre.
Comment est-on passe en deux annees d’une mondialisation « heureuse » a une contestation Sans compter que et puis forte en Occident ?
P. L. : Je n’ai jamais ete l’apotre d’une mondialisation « heureuse ». Comme Janus, elle procure votre visage souriant quand elle va permettre de reduire Notre pauvrete. Mais elle a aussi un aspect grimacant avec l’augmentation des inegalites.
Mes mecanismes de protection sociale qui permettaient jusque-la de reduire, en Occident, les effets negatifs du capitalisme marketing sont devenus moins operants, en raison de la vitesse ainsi que la force du developpement d’la globalisation.
Il n’est pas surprenant que cette defiance s’exprime d’abord au sein des pays ou les systemes de securite sociale paraissent les plus faibles, les Etats-Unis et, en Europe, la Grande-Bretagne.
Trois. G. : Pour que l’ouverture soit acceptable, il faudra que les gagnants indemnisent, au moins en partie, des perdants. Sinon, on suscite ma revolte. On ne va plus se contenter d’expliquer aux Occidentaux que leurs souffrances ont pour contrepartie l’amelioration du sort des autres peuples.
Malgre l’existence d’« amortisseurs sociaux », les Francais jugent negativement la mondialisation. Y a-t-il une exception francaise ?
P. L. : La France reussit, globalement, datingmentor.org/fr/chinalovecupid-review aussi bien que d’autres Europeens dans la mondialisation. Mais nous avons mode a diaboliser un chacun. Deux tiers des Francais considerent l’economie de marche tel un danger. Et le discours politique entretient une telle exception.
Trois. G. : On ne diabolise gui?re individu en constatant les limites du libre-echange et du capitalisme financier. Elles paraissent ressenties partout dans un monde occidental en train de perdre le statut de puissance.